Qui sont les migrants climatiques ? De nouvelles données révèlent de profondes différences socio-économiques au sein des populations déplacées par les catastrophes naturelles

Genève, 8 novembre 2024 – Les sécheresses provoquent le déplacement de pasteurs jeunes et pauvres, tandis que les incendies entraînent le déplacement de populations urbaines plus âgées et ayant un statut socio-économique plus important. Une nouvelle étude de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) fait état du large éventail de profils démographiques et socio-économiques touchés par les déplacements liés aux conditions météorologiques dans le monde entier.  

Cette publication donne un aperçu général unique des caractéristiques démographiques et socio-économiques des communautés confrontées à des déplacements liés aux conditions météorologiques. Avec une estimation de 218,6 millions de déplacements internes causés par des catastrophes météorologiques au cours de la dernière décennie, l’analyse vient combler un manque de données critique en révélant des profils détaillés de ces populations, notamment l’âge, le revenu, le niveau d’éducation et les moyens de subsistance.  

À ce jour, les données mondiales sur les déplacements liés aux conditions météorologiques portent essentiellement sur les chiffres globaux, sans tenir compte des profils détaillés des communautés touchées. Ces informations détaillées sont cruciales pour les acteurs humanitaires et les décideurs afin d’allouer efficacement les ressources, de répondre aux différents besoins et de développer des solutions durables pour les populations en situation de déplacement.  

Le rapport révèle les vulnérabilités socio-économiques disproportionnées au sein des populations en situation de déplacement. À titre d’exemple, les populations déplacées par la sécheresse ont des niveaux de revenus inférieurs de 82 % à la moyenne mondiale. Ces communautés sont généralement jeunes, avec un âge moyen de 18,1 ans et une forte proportion d’enfants (43 %), sont majoritairement masculines (51,8 %) et ont un niveau d’éducation limité, avec une moyenne de trois années de scolarité. En revanche, les communautés déplacées par des incendies ont tendance à avoir un niveau d’éducation plus élevé (12,6 ans) et une population plus âgée, avec une moyenne d’âge de 37,1 ans et moins d’enfants (19 %).   

L’analyse souligne également que les différents risques météorologiques ont un impact sur différents groupes : les déplacements dus aux tempêtes et aux inondations ont eu un impact disproportionné chez les communautés d’agriculteurs, alors que les déplacements dus à la sécheresse ont fortement touché les communautés pastorales, et que les déplacements dus aux incendies ont surtout touché les communautés urbaines.  

En outre, le rapport indique que les populations vivant dans les zones touchées par les déplacements liés aux conditions météorologiques sont nettement plus jeunes (27,6 ans en moyenne) que la moyenne mondiale (30,8 ans), ce qui a d’importantes répercussions sur la résilience économique et le relèvement dans les régions à risque. Cette tendance est encore plus forte dans les régions où les ressources et les programmes de résilience sont limités.   

Dans les régions où les déplacements dus au changement climatique sont exacerbés par la pénurie de ressources, les jeunes sont souvent plus exposés, car ils n’ont qu’un accès limité aux stratégies de relèvement, aux services de base et aux possibilités d’emploi. Les effets des perturbations économiques et de la perte de cohésion sociale peuvent se répercuter sur plusieurs générations et avoir des répercussions considérables sur la stabilité et la croissance régionales.  

Il est essentiel d’aborder ces défis démographiques par des politiques spécifiques afin de fournir une aide ciblée aux personnes en situation de déplacement et de jeter les bases d’un relèvement et d’une résilience future. En prélude à la 29e session de la Conférence des Parties (COP29), l’OIM exhorte les décideurs politiques, les agences internationales et les gouvernements locaux à donner la priorité aux interventions qui répondent aux besoins uniques des communautés affectées par le changement climatique, en mettant l’accent sur les solutions d’adaptation pour ceux qui veulent rester, et sur des voies de migration sûres pour ceux qui se déplacent ou qui comptent se déplacer.  

Dans la mesure où la gravité et la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes s’intensifient dans de nombreuses régions du monde, l’OIM appelle à des efforts de collaboration pour veiller à ce que les régions touchées soient soutenues dans le renforcement de la résilience, permettant ainsi aux populations affectées de contribuer à la vie de leurs communautés sans se heurter aux effets persistants du déplacement.  

L’OIM a combiné un ensemble de données mondiales d’environ 14 000 événements de déplacement liés aux conditions météorologiques, compilées par l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC), avec des cartes à haute résolution de divers indicateurs démographiques et socio-économiques. Cette approche a permis à l’OIM d’établir des profils détaillés des populations vivant dans les zones touchées par les déplacements, fournissant ainsi les premières estimations à l’échelle mondiale sur les caractéristiques de ces communautés.  

SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES
SDG 13 - MESURES RELATIVES À LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES