Genève - Les 10 et 11 juin 2024, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a accueilli la deuxième Conférence mondiale sur la réglementation du recrutement international à Genève, en Suisse. Cet événement, organisé sous l'égide du Global Policy Network on Recruitment (Réseau mondial de politiques de recrutement), a rassemblé plus de 120 participants de 65 pays, dont des décideurs politiques, des représentants du secteur privé et des membres de la société civile.
Se saisir des voies de la migration régulière
Le thème de la conférence de cette année, « Exploiter le potentiel des voies de migration régulières », a souligné le besoin urgent de cadres réglementaires solides en matière de gouvernance des migrations. Les discussions, qui ont recueilli de nombreuses participations, ont permis de mieux comprendre comment mieux respecter les normes éthiques de recrutement et protéger les droits des travailleurs migrants dans les couloirs de migration de main-d'œuvre. Les discussions ont particulièrement porté sur l'amélioration de la reconnaissance des compétences, afin de garantir une meilleure adéquation entre les compétences des migrants et les possibilités d'emploi, tant pour les travailleurs que pour les employeurs.
Une vision commune pour un recrutement équitable et transparent
Un consensus s'est dégagé parmi les participants sur le fait que le recrutement transfrontalier est crucial pour la mobilité internationale de la main-d'œuvre. Des pratiques de recrutement équitables et transparentes facilitent une migration de la main-d'œuvre sûre et ordonnée, ce qui profite aux pays d'origine et de destination, et aux employeurs comme aux travailleurs migrants. Cependant, l'absence ou l'inadéquation des normes et réglementations internationales expose les travailleurs migrants à des risques importants, notamment à la traite des êtres humains et au travail forcé en raison de pratiques de recrutement frauduleuses et non-éthiques.
Principaux enseignements de la conférence
La conférence a fourni des informations précieuses sur l'état actuel et les orientations futures du recrutement international et de la gouvernance des migrations de main-d'œuvre. Les principaux enseignements sont les suivants :
- Tendances et défis mondiaux : Meilleure compréhension de l'évolution du paysage du recrutement international.
- Stratégies innovantes : Pratiques prometteuses pour la protection des travailleurs migrants dans le cadre des filières de travail régulières.
- Avis des travailleurs migrants : Reconnaissance de l'importance d'intégrer les points de vue des travailleurs migrants dans l'élaboration et la mise en œuvre des politiques.
- Changements démographiques : Étude des changements démographiques et de leur impact sur l'avenir des filières de migration.
- Rôle législatif : Discussions sur le rôle essentiel de la législation dans la lutte contre le travail forcé et le respect des normes de recrutement.
- Approches collaboratives : Développement de stratégies et de coopération intergouvernementale pour améliorer la gouvernance des migrations.
Les voix de la conférence
Dans son discours d'ouverture, Ugochi Daniels, directrice générale adjointe de l'OIM, a souligné l'urgence de la mission de la conférence :
« La vision de l'OIM ne peut pas se réaliser sans voies de migration régulières, car cette vision consiste à tenir la promesse de la migration et à aider les personnes les plus vulnérables dans le monde. L'inadéquation des voies de migration et des protections en matière de migration régulière expose les personnes vulnérables à la violence, à l'exploitation et aux abus, et empêche les États de gérer efficacement les migrations pour répondre aux besoins de main-d'œuvre, relever les défis démographiques et promouvoir la croissance. Aujourd'hui, nous nous appuyons sur ces certitudes et nous nous tournons vers l'avenir afin d'affiner et de renforcer nos approches. »
Pal H. Lund, conseiller spécial auprès de l'Autorité norvégienne d'inspection du travail et président du groupe de travail thématique du Global Policy Network (GPN) sur les inspections et l'application des lois, a souligné l'importance du GPN comme plateforme vitale de dialogue et d'échange entre les États membres de l'OIM et les autorités publiques :
« L'une des plus grandes forces du GPN est l'enrichissement mutuel en matière de connaissances et d'expertise. »
Lawrence Egulu, commissaire aux services de l'emploi du ministère ougandais chargé du genre, du travail et du développement social et président du groupe de travail thématique du GPN sur les licences et la surveillance, a confirmé ce constat :
« Grâce à la collaboration et à la diversité des compétences au sein du Global Policy Network, on peut avancer vers l'objectif commun des pays d'origine, de transit et de destination, qui est de promouvoir un recrutement éthique et une protection solide des travailleurs migrants. »
L'évolution du Global Policy Network
Le Global Policy Network est né de la Conférence mondiale sur la réglementation du recrutement international qui s'est tenue en 2019 à Montréal, au Canada. Cette initiative a conduit à la création des Recommandations de Montréal relatives au recrutement : Une feuille de route pour une meilleure réglementation. Actuellement, le GPN comprend 60 autorités publiques qui se réunissent au sein de six groupes de travail thématiques : Inspections et mise en œuvre, Licences et surveillance, Coopération bilatérale, Systèmes de migration temporaire, Marchés du travail et compétences, et Donateurs et collecte de fonds. Ces groupes ont pour objectif de relever les défis, de partager les bonnes pratiques et d'élaborer ensemble des solutions pour un recrutement éthique, pour la protection des travailleurs migrants et pour les voies de migration de main-d'œuvre.
Construire un avenir de collaboration
La deuxième conférence mondiale a offert aux parties prenantes une plateforme essentielle qui leur a permis d’engager un dialogue constructif, de partager les meilleures pratiques et d’élaborer des cadres de collaboration. L'objectif principal est d'améliorer la réglementation et la protection des travailleurs migrants, en favorisant des voies de migration de main-d'œuvre durables et respectueuses des droits humains, de la dignité et des droits des travailleurs migrants dans le monde entier.