Autonomiser les migrants pendant les crises : Action climatique en Asie du Sud-Est

Photo : OIM

Asie du Sud-Est, 13 octobre 2022 – La mobilité humaine reste une caractéristique essentielle du monde d'aujourd'hui. Elle est motivée par toute une série de raisons et s'effectue par des voies aussi bien régulières qu’irrégulières, de manière volontaire ou involontaire. À l'échelle mondiale, nous constatons de plus en plus l'impact des changements climatiques et de la dégradation de l'environnement sur les tendances de la mobilité humaine.

En Asie du Sud-Est, des millions de personnes se déplacent déjà à l'intérieur et à l'extérieur de la région à la recherche d'un emploi ou d'un refuge, les effets croissants des changements climatiques étant susceptibles d'influencer ces flux migratoires complexes. La région est particulièrement vulnérable aux catastrophes environnementales, notamment aux inondations, aux sécheresses et aux tempêtes, ainsi qu'aux autres conséquences du réchauffement climatique. Le Myanmar et la Thaïlande étaient parmi les 10 premiers pays au monde à subir des pertes liées au climat entre 2000 et 2019, tandis que le Cambodge et le Vietnam figuraient parmi les 20 premiers. S'il est difficile de prévoir l'ampleur de la mobilité humaine résultant des impacts climatiques, sans action concrète, nous pouvons nous attendre à ce que davantage de personnes se déplacent à l'avenir.

Ces tendances font courir des risques supplémentaires aux migrants, en particulier à ceux qui sont en situation irrégulière et qui risquent de moins bien résister aux crises. Souvent, les migrants ne sont pas inclus dans les plans de préparation et de réponse aux catastrophes au niveau national ou local. En temps de crise, les populations migrantes n'ont pas toujours accès aux mécanismes de protection sociale ou à des informations utiles - ce qui amplifie les besoins auxquels il faut répondre.

Pour répondre aux nouveaux défis auxquels sont confrontés les migrants dans les contextes de crise, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a facilité la mise en œuvre de l'Initiative « Migrants dans les pays en crise » (MICIC) - une initiative dirigée par les États qui soutient les gouvernements et les autres parties prenantes depuis 2014 afin d’améliorer la protection des migrants dans les pays en crise.

L'OIM plaide pour la reconnaissance des liens entre la mobilité humaine et les risques climatiques et pour leur prise en compte aux niveaux local, national, régional et international. Photo : OIM

L'initiative MICIC a débouché sur un ensemble de lignes directrices et de principes volontaires visant à protéger les migrants dans les pays touchés par un conflit ou une catastrophe naturelle.

En Asie du Sud-Est, l'OIM travaille en étroite collaboration avec les États membres pour renforcer la capacité des gouvernements et des partenaires à adopter ces principes et à les transformer en actions. Le gouvernement des Philippines a été le chef de file de cette initiative dès le début, en dirigeant le processus de dialogue sur l'élaboration des lignes directrices, avec les États-Unis.

Le gouvernement royal thaïlandais a été l'un des premiers pays d'Asie du Sud-Est à adopter l'Initiative MICIC. Il a notamment pris plusieurs mesures pour intégrer les lignes directrices dans ses cadres politiques et opérationnels. L'OIM a soutenu la traduction des lignes directrices en thaï et, au niveau communautaire, a mené une série de formations depuis 2016 pour renforcer les capacités des fonctionnaires et des migrants en matière de préparation, de réponse et de relèvement en cas de catastrophe. Grâce à une série de formations en classe, d'ateliers, de discussions, d'événements de diffusion et d'exercices de simulation en direct, plus de 170 fonctionnaires et 1 500 membres de la communauté ont développé une connaissance accrue des mesures de préparation, de réponse et de relèvement qui intègrent les besoins des migrants.

L'OIM a aidé le Département de la prévention et de l'atténuation des catastrophes (DDPM) du Ministère de l'intérieur à établir un vivier de plus de 50 formateurs spécialisés dans la gestion des abris, composé de représentants du DDPM, du Ministère du développement social et de la sécurité humaine (MSDHS) et de la Croix-Rouge thaïlandaise. En outre, l'OIM a aidé le DDPM à élaborer des lignes directrices pour l’installation, la mise en œuvre opérationnelle et la gestion d’abris collectifs - des espaces sûrs ouverts aux populations migrantes.

Pour familiariser les parties prenantes avec les lignes directrices pour la gestion des abris, l'OIM a proposé des exercices de simulation, qui ont permis aux premiers intervenants désignés d'identifier les défis auxquels sont confrontés les migrants, d'apprendre des expériences des autres et de s'assurer que les migrants ont un accès égal aux abris. Ces initiatives se sont concentrées sur la compréhension des défis posés par les catastrophes naturelles qui se produisent fréquemment en Thaïlande, telles que les inondations, les glissements de terrain et les tsunamis. Des exercices en cas de tsunami ont été organisés par le DDPM dans les provinces à risque et ont fait participer les communautés de migrants, conformément aux directives de l’Initiative MICIC.

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En outre, au Cambodge, en République démocratique populaire lao, et en Thaïlande, l'OIM travaille avec les gouvernements pour renforcer les capacités des fonctionnaires consulaires afin que les pays d'origine et de destination puissent collaborer efficacement pour aider les migrants en crise. L'OIM fait également participer les acteurs de la société civile pour qu’ils comprennent mieux le rôle qu'ils peuvent jouer dans la protection des migrants en situation de crise. Enfin, l'OIM soutient le Secrétariat de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) dans l'élaboration de lignes directrices régionales sur la protection des travailleurs migrants en situation de crise.

A l'approche de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2022 (COP27), l'OIM plaide pour la reconnaissance des liens entre la mobilité humaine et les risques climatiques et pour leur prise en compte aux niveaux local, national, régional et international. Conformément à l'Objectif de développement durable 13, nous devons accroître les actions en faveur des mesures d'adaptation aux changements climatiques, ainsi que les ressources pour éviter et atténuer les déplacements, lorsque cela est encore possible, et renforcer la résilience des populations.

Face à la menace de l'intensification de la crise climatique, en Asie du Sud-Est, l'OIM s'est engagée à travailler avec les Etats membres pour protéger les personnes en situation de déplacement. Grâce à un leadership et une appropriation solides de la part des gouvernements, l'institutionnalisation des principes MICIC dans les plans de préparation et d'intervention permettra aux migrants de recevoir le soutien dont ils ont besoin - garantissant ainsi que, véritablement, nous ne laissons personne de côté dans la lutte contre les changements climatiques.

Le travail de l'OIM sur la migration dans les pays en crise (MICIC) en Asie du Sud-Est est actuellement financé par le Bureau de la population, des réfugiés et des migrations (PRM) du Département d'Etat américain, par le biais du Programme régional de migration pour l'Asie.

 

Rédigé par Anindya Dutta, responsable de projet de l'OIM en Thaïlande, MICIC et migration, environnement et changements climatiques.

SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES
SDG 13 - MESURES RELATIVES À LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
SDG 17 - PARTENARIATS POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS