Renforcer les capacités des praticiens vers des pratiques de réintégration uniformisées

L'aide au retour volontaire et à la réintégration (AVRR) fait partie des services offerts par les Centres de réponse pour les migrants au Soudan. Photo: IOM 2021

Selon l'approche intégrée de la réintégration de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), le concept de réintégration suppose un processus multidimensionnel englobant des éléments économiques, sociaux et psychosociaux aux niveaux individuel, communautaire et structurel. Cette complexité nécessite la participation de plusieurs acteurs aux niveaux local, national, régional et international. De manière générale, ces acteurs sont appelés praticiens ou acteurs du retour et de la réintégration. Il peut s'agir de représentants des autorités locales ou nationales, de personnel d'organisations internationales ou locales, d'organisations de la société civile participant à des programmes de retour, de réintégration et parfois de développement.

Assurer une approche harmonisée entre ces acteurs et développer les capacités est aussi crucial que fournir l’aide elle-même. Pour ce faire, le Pôle de gestion des connaissances de l'UE-OIM a mis à disposition plusieurs outils de renforcement des capacités afin de soutenir le travail et d'améliorer les compétences des praticiens et des acteurs du retour et de la réintégration. En outre, des activités de renforcement des capacités ont été menées sous les thèmes des processus et pratiques de réintégration, ainsi que du suivi et de l'évaluation (S&E) des programmes de retour et de réintégration*.

Depuis son lancement, le Pôle a fait d’importants efforts dans l'harmonisation des approches de réintégration et de S&E comme l'un des piliers clés de son projet, en s'appuyant notamment sur les outils initiaux élaborés, tels que le Manuel sur la réintégration et son programme de formation connexe. En outre, en s'appuyant sur la création de l'Enquête sur la durabilité de la réintégration permettant de mesurer les résultats de la réintégration, le Pôle a développé un kit complet de suivi et d'évaluation pour les programmes de retour et de réintégration ainsi qu'un programme de formation connexe. L'étape suivante consistait à utiliser ces outils pour renforcer les capacités des parties prenantes afin que nous travaillions tous avec une approche commune.

La composante de renforcement des capacités du Pôle englobe notamment trois ensembles différents d'outils et d'activités : Deux programmes de formation destinés à fournir aux praticiens et aux acteurs du matériel prêt à l'emploi pour organiser et dispenser des sessions de formation sur la réintégration et sur les pratiques de suivi et d'évaluation pour le retour et la réintégration ; des cours en ligne que chacun peut suivre à son rythme disponibles publiquement sur la plateforme e-Campus de l'OIM ; ainsi que des formations régulières de formateurs et des ateliers de formation mixte dispensés directement par le Pôle et basés sur une application opérationnelle du Manuel de l’OIM sur la réintégration.

En faisant usage de ces outils, les praticiens sont formés pour adopter des approches fondées sur des données probantes dans la mise en œuvre et le suivi des programmes de réintégration et pour ainsi améliorer et adapter l’appui essentiel pour parvenir à une réintégration durable.

Les formations de l'OIM sur les droites sur la terre visent à éviter les conflits lorsque les personnes retournent dans leurs communautés depuis les sites pour la protection des civiles. Photo : OIM 2021

Depuis 2018, environ 2 400 praticiens et acteurs se sont inscrits à la formation en ligne sur la réintégration, tandis que plus de 1 000 acteurs du retour et de la réintégration ont été formés dans plus de 50 pays à travers le monde.

Le nombre élevé de participants formés est dû à l'approche de formation des formateurs du Pôle. Un premier groupe de facilitateurs a été formé non seulement sur le contenu du programme de formation à la réintégration, mais aussi sur la façon de planifier et d'organiser une formation réussie, y compris les techniques de facilitation. Encadrés par un expert en renforcement des capacités, ces facilitateurs ont ensuite organisé des ateliers de formation dans leurs régions et pays, en adaptant le matériel à leurs situations. Un autre groupe de facilitateurs est actuellement en cours de formation.

L'approche de méthodes mixtes faisant appel à des présentations interactives, des discussions, des études de cas et des jeux de rôle a été perçue comme très efficace dans le cas de Lagos, au Nigéria. Le Pôle anime également des ateliers de formation mixtes réguliers, alliant cours en autonomie à des séminaires virtuels, en plus du travail individuel et du travail de groupe sur une période de plusieurs semaines.

Par exemple, la majorité des participants à la session en anglais de la formation mixte sur le S&E pour les praticiens du retour et de la réintégration, organisée virtuellement entre avril et mai 2021 et à laquelle ont assisté 21 participants de différentes régions (Afrique de l'Ouest et Afrique centrale, Corne de l'Afrique, Afrique du Nord ainsi que Bangladesh et Afghanistan), étaient tout à fait d'accord pour dire qu'ils pourraient appliquer le contenu de la formation dans leur travail. De plus, leurs réponses reflètent une satisfaction claire de l'impact de la formation sur leurs performances professionnelles.

Des niveaux de satisfaction similaires ont été observés dans l'enquête de satisfaction des participants au déploiement en France du programme de formation en S&E du retour et de la réintégration, dispensé de juin à août.

Deux nouveaux programmes de formation pour un effet multiplicateur

Compte tenu de ce qui précède, il a été identifié que les sessions de formation pourraient être dispensées par toute personne intéressée à améliorer les connaissances sur la réintégration et sur la pratique du S&E. Par conséquent, les deux programmes de formation sont désormais disponibles publiquement pour que les praticiens intéressés puissent y accéder et utiliser leur contenu avec d'autres acteurs dans le domaine du retour et de la réintégration des migrants, générant ainsi un effet multiplicateur des connaissances.

Les programmes comprennent le matériel de formation sur le suivi et l'évaluation des programmes de retour et de réintégration, ainsi que le programme de formation sur la réintégration. Les deux sont disponibles sur la plateforme du Pôle sur le retour et la réintégration.

Mais quel est l'objectif à atteindre avec ces nouveaux matériels ? La réponse à cette question suppose de promouvoir - et à terme d’atteindre - l’uniformisation complète des outils et pratiques liés au retour et à la réintégration, ainsi qu'au S&E, tout en conservant un certain degré de flexibilité afin qu'ils puissent être adaptés aux différents contextes de réintégration.

 

Compléter l’offre de renforcement des capacités de S&E

Tout comme le cours en ligne sur le Manuel de l’OIM sur la réintégration, disponible sur la plateforme e-Campus de l'OIM, le Pôle lancera également dans les prochains mois un cours en ligne en autonomie sur le S&E pour le retour et la réintégration qui fournira aux praticiens intéressés plusieurs modules permettant d'approfondir le sujet grâce à des explications et des quiz interactifs. Le cours vise à aider les praticiens du S&E à faire le meilleur usage possible des ressources au sein des projets et à contrôler l'obtention de résultats dans le cadre des programmes de retour et de réintégration grâce à une meilleure connaissance de l'Enquête sur la durabilité de la réintégration.

L'OIM s'engage à soutenir les migrants qui ne peuvent ou ne veulent pas rester dans les pays d'accueil ou de transit et qui souhaitent retourner dans leur pays d'origine grâce à des programmes d'aide au retour et à la réintégration.

*Le programme de formation à la réintégration a été élaboré avec le financement du Foreign, Commonwealth and Development Office du Royaume-Uni, dans le cadre du projet ORION, tandis que le programme de S&E a été élaboré dans le cadre du Pôle financé par l'Union européenne. 

Cet article a été rédigé par Joy Paone et Iliana Yazmin Flores du Pôle de gestion des connaissances UE-OIM.